
Renaissance de Notre-Dame et Résurrection
Le 8 décembre 2024, Notre-Dame de Paris a été réouverte au culte et aux visiteurs, achevant 5 années intensives de travaux gigantesques, faisant intervenir des artisans et ouvriers de tous corps de métiers : couvreurs, tailleurs, restaurateurs, dinandiers, charpentiers, vitraillistes…
Certains viennent de chez nous, du département du Loiret. Par exemple, c’est l’entreprise Baudin de Châteauneuf, qui a conçu le plateau liturgique en métal du chœur : il pèse 110 tonnes, il est long de 25 mètres et large de 8 mètres, la structure métallique soutient 127 dalles de pierres et 156 dalles de marbre ! Beau symbole que de prendre conscience que c’est grâce à des ouvriers de notre diocèse que l’action liturgique en son point culminant qu’est la messe est soutenue à Notre-Dame de Paris !
Certains l’ont déjà visitée, d’autres pas encore. En tout cas, le site notredamedeparis.fr, remarquablement conçu, permet une première visite virtuelle, en pèlerin ou en touriste, avant de pouvoir s’y rendre physiquement !
La foule défile, les louanges sont presque unanimes : grandeur, lumière, couleurs, émotions de pouvoir retrouver la statue de la Vierge au pilier, de pouvoir vénérer le reliquaire de la couronne d’épine ( tous les vendredis après-midi)…
Est-ce à dire que , du fait de cette « renaissance », la foi chrétienne va se redéployer en France ? Que la déchristianisation rapide de notre pays va marquer un pas ? Que ruraux et citadins vont reprendre le chemin des célébrations dans les églises de nos territoires ? Que la renaissance de Notre-Dame s’accompagnera d’une renaissance d’un peuple chrétien en France ?
Pâques approche ! Ne croyons-nous pas que Jésus est ressuscité ? Que l’Esprit est capable de faire surgir des chrétiens en tous lieux et toutes circonstances ?
Eh bien, comme certains disent à juste titre que l’on peut être, quand on est chrétien, des « pessimistes-optimistes », je voudrais vous partager deux choses, ayant moi-même eu la chance de visiter rapidement Notre-Dame récemment dans le cadre de la formation reçue pour la pastorale du tourisme :
1/ J’avais été autrefois déjà très touchée par les hauts-reliefs du tour de chœur narrant des épisodes-clés de la vie de Jésus. Et la cathédrale était encore excessivement sombre ! Mais cette fois-ci, les sculptures ont été merveilleusement restaurées. On trouve en particulier dans la partie sud une succession des scènes montrant Jésus ressuscité qui sont si essentielles à notre foi. Elles sont lues dans l’octave de Pâques. Ces évangiles dégagent une telle douceur, une telle paix, elles offrent un Jésus qui ne revient pas pour régler ses comptes, mais dans son pardon totalement accordé il reprend et continue la relation entamée avec chacun de ses amis : Pierre, Marie-Madeleine, Thomas, les disciples d’Emmaüs…Il offre sa paix ! Les expressions , les gestes, les couleurs, tout est extraordinaire. Je ne connais pas de lieu religieux qui nous offre ainsi ramassée une telle séquence, si essentielle à notre foi ! (« Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ! »)
2/ Je craignais de ne pas approuver les choix et les partis pris de la restauration, notamment dans sa modernité. J’ai au contraire éprouvé la très profonde jonction entre le passé et le contemporain, tous deux porteurs de la foi dans une époque donnée, y compris la nôtre ! Cela a créé chez moi de l’espérance !
Voici donc les quelques réflexions que je voulais vous proposer. Le père Gilles Drouin, directeur de l’institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris a participé à la rédaction de l’ouvrage « Les Résurrections de Notre-Dame-Chantiers et Ferveurs »(éditeur Place des Victoires). Il est spécialiste en théologie de l’espace liturgique et a orienté certains choix pour Notre-Dame. On parle de « résurrection » et de « renaissance » de Notre-Dame. Mais la renaissance et la résurrection que propose Jésus dans l’évangile est pour notre corps/être spirituel !. Les bâtiments restent des bâtiments, aussi empreints soient-ils de signification symbolique !
Béatrice Camphuis, déléguée à la pastorale du tourisme du diocèse d’Orléans
