Lettre de l’église Saint-Germain à monsieur le Maire de Huêtre

J’étais vieille,  puisque née au 12ème siècle et remaniée au 16ème siècle.

J’étais triste avec mes peintures et fresques que l’Abbé Quarante avait réalisées il y a près de 150 ans.

Elles étaient fanées, dégradées, presque effacées et mes vitraux connaissaient le même destin.

Et pourtant j’ai en mon cœur deux statues du 18ème siècle représentant Saint-Etienne et Saint-Germain, classées monuments historiques.

La place qui me relie à la mairie, elle aussi était d’un autre temps et nécessitait une vraie rénovation.

Votre prédécesseur, M. Parou, et vous Monsieur le Maire, vous êtes venus souvent avec les membres du conseil municipal. Vous m’avez longuement observée, regardée, auscultée dans mes recoins les plus intimes. Des entrepreneurs, des architectes, des maîtres artisans, des artistes sont venus me voir, me mesurer, me sonder, me décrire.

Et puis, du haut de mon clocher, je vous ai vu, Monsieur le Maire, sillonner les routes du Pays, aller maintes fois à Orléans rencontrer Monsieur le Préfet et ses services, Monsieur le Président du conseil général, comme on disait encore en ce temps-là, Monsieur l’Architecte des Bâtiments de France, nos parlementaires, députés et sénateurs.

Je vous ai vu aussi tirer la manche du Président du Pays, monter avec ses directrices Sandra et Gaëlle, de lourds dossiers administratifs et financiers.

Et les travaux ont commencé. Je me suis sentie rajeunir, confortée dans mes murs, solide sur mes fondations.

Un artiste authentique, plein de talent, connaissant tous les métiers d’art, s’est installé dans mon cœur et il est resté là un printemps et un été entiers.

Tous les jours, Monsieur le Maire, vous êtes venu me voir, soutenir votre artiste, l’encourager. Vous vous êtes donné sans compter votre temps, votre énergie, votre fatigue.

Sous les mains de votre artiste, je me suis sentie redevenir belle et lumineuse, grâce à vous, Monsieur le Maire.

Certains voulaient nous séparer à jamais au début du siècle dernier. Mais une loi d’équilibre a été votée en 1905, qui mettait fin au concordat napoléonien et qui affirmait la séparation des Eglises et de l’Etat. Une loi, qui en fait, nous les vieilles églises, nous remettait entre vos mains.

Une loi de laÏcité bien utile et essentielle aujourd’hui et qui n’a pas pris une ride.

Sans vous, Monsieur le Maire, sans votre conseil municipal, je ne connaîtrais pas aujourd’hui une nouvelle jeunesse.

Et certains là-haut à Paris voudraient vous supprimer, voir vos compétences réduites à presque rien. Quelle erreur immense pour notre nation, pour nos habitants, pour la vie et le développement de la ruralité ! Quelle hérésie !

Si vous n’étiez pas là, qui ferait votre travail ? Votre dévouement, votre disponibilité, votre compétence, votre service auprès de nos concitoyens, ce lien de proximité permanent avec vos administrés est irremplaçable et indispensable à notre nation, en cette période si troublée et si difficile pour tous.

Battez-vous aux côtés de vos associations de maires. Résistez à ces projets incongrus !

Moi, église de Saint-Germain de Huêtre, je vous dis Monsieur le Maire : un IMMENSE Merci !

                                                                                         Le 30 mai 2015

                                                                                         Eglise de Saint-Germain

                                                                                         Alias Frédéric Cuillerier, Président du Pays Loire-Beauce